« Leur mauvaise foi et leur comportement irresponsable ont créé une atmosphère d’incertitude préjudiciable à toutes les parties prenantes »

Nous, nous engageons à honorer tous les paiements et nos équipes seront présentes après la fermeture de l’hôtel pour assurer la finalisation complète de tous les dossiers en cours”, informe la chaine hôtelière dans le courrier. “Nous sommes profondément tristes de cette décision et des lourdes conséquences qu’elle va entrainer”, ajoute l’hôtel. Ainsi semble prendre fin, l’idylle entre le pays de Toumai et  le groupe international hôtelier, Hilton Worldwide. Ce groupe de dimension internationale a officiellement inauguré son premier hôtel au Tchad, le 21 janvier 2015. Par cet acte, il a affiché sa volonté de faire passer le nombre de ses hôtels exploités en Afrique à 80, d’ici 2020.

Le développement du secteur hôtelier au Tchad est fortement perturbé par la lourde crise économique à laquelle fait face le pays, depuis plusieurs années. Ce qui ne semble pourtant  pas freiner l’Etat qui s’apprête à pré-ouvrir prochainement,  Le Toumai Palace dont le chantier est exécuté à plus de 90%. Financé sur fonds propres de l’Etat à 100%, ce grand hôtel cinq étoiles est construit par une entreprise chinoise, depuis 2013.

“Un certain nombre de conditions défavorables au sein du pays”

En aout dernier, Salim Group, Inc (SGI), une société privée d’investissements, a intenté une action en justice, par l’intermédiaire de sa filiale, SGI Holding, à contre un consortium bancaire constitué de Ecobank, de la Société Générale, et d’Afriland First Bank. Il est reproché aux trois banques, prises collectivement, des faits de rupture de contrat, de fraude, d’enrichissement et de conversion illégitimes. Des dommages et intérêts d’un montant supérieur à 100 millions de dollars ont été demandés.

Pour comprendre la chose, la SGI et les banques ont signé plusieurs accords de prêts à partir de 2011, pour construire un luxueux hôtel « Hilton » en République du Tchad, avec l’objectif d’en faire une destination pour les voyages d’affaires et les conférences. Ainsi, la SGI s’est lancée dans le développement foncier et la réhabilitation d’envergure, d’une propriété en bordure de rivière. Pour ce faire, elle a emprunté environ 38 millions de dollars, en plus de son investissement direct de plus de 80 millions de dollars, afin d’apporter une valeur ajoutée à une parcelle de terrain de plus de 23 hectares puis de rendre l’hôtel exploitable, en janvier 2016. Grâce à cet investissement, la SGI est devenue l’investisseur privé américain le plus important au Tchad, hors secteur pétrolier.

En raison d’un certain nombre de conditions défavorables propres au pays, indépendantes de sa volonté et bien connues des banques, la SGI n’a pas été en mesure d’honorer les prêts. Selon les termes de l’accord, dès lors que les banques veulent faire jouer l’hypothèque, la propriété hypothéquée doit alors être estimée par un expert, puis l’emprunteur doit être remboursé par les banques, de la valeur estimée, en excédent, par rapport au montant du prêt. De la sorte, les banques ayant,  dans un premier temps, suivant les termes du contrat, ont nommé un expert. Mais une fois celui-ci nommé, elles ont réalisé que, selon les termes du contrat, elles devaient rembourser à la SGI. Elles ont alors, soudainement et unilatéralement, changé de cap en n’appliquant pas les termes de l’accord et ont finalement obtenu le titre de propriété sans qu’aucun remboursement ne soit effectué au bénéfice de la SGI.

Des promesses non respectées et des agissements frauduleux

« Nous avons investi au Tchad en nous fiant aux termes de nos accords de prêts avec le consortium bancaire et aux promesses du gouvernement, de protéger les intérêts des investisseurs étrangers. Les agissements frauduleux de ces banques sont déplorables et ne nous laissent pas d’autre choix que celui de réclamer des dommages et intérêts », a déclaré Mohammed Naeem, directeur général de SGI Holding. Et de poursuivre   « Notre hôtel a reçu de nombreuses récompenses internationales. En dépit de nos demandes de dommages et intérêts, nous avons proposé aux banques des alternatives afin de préserver l’intégrité de l’exploitation de l’hôtel, dans l’intérêt de nos clients, de nos employés et du pays. Leur mauvaise foi et leur comportement irresponsable ont créé une atmosphère d’incertitude préjudiciable à toutes les parties prenantes. »

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