Quel avenir pour la lutte contre le djihadisme au Sahel, 6 mois après le coup d’Etat au Niger ?

 6 mois après le coup d’Etat survenu au Niger et le renversement du Président Bazoum, l’avènement de la junte nigérienne, et des régimes militaires au Sahel de manière générale, a influé sur les efforts consacrés à la lutte contre le djihadisme dans la région.

 Le Président Bazoum, dernier rempart au djihadisme ?

 Dès le 27 juillet, au lendemain du coup d’Etat au Niger, des inquiétudes avaient déjà été soulevées quant à la suite à donner à la lutte régionale contre le djihadisme, le Niger s’étant positionné comme le dernier repli du dispositif militaire et logistique occidental déployé dans la zone sahélo-saharienne. Considéré comme un allié clé des partenaires occidentaux dans la lutte contre le djihadisme au Sahel, le Président déchu Mohamed Bazoum a certainement été le dernier rempart pour la sauvegarde de la paix et la sécurité au Sahel. Après la fin des accords militaires entre le Mali, le Burkina Faso et la France, le Niger avait notamment accueilli les troupes et l’arsenal militaire de cette dernière, ainsi que le redéploiement d’une partie des forces françaises de Barkhane et de Sabre. Les bons résultats engrangés conjointement par les forces nigériennes et françaises (l’arrestation d’une trentaine de djihadistes à l’issue de 15 opérations antiterroristes de juillet à octobre 2022 par exemple) avaient amené l’ancien chef d’Etat-major des armées nigériennes, Salifou Mody, à saluer la bonne coopération avec le partenaire français dans un communiqué en date du 30 octobre 20221 . De même, les Etats-Unis disposent d’une base militaire à Agadez (nord), où sont déployés quelques 800 militaires pour des rotations de 6 mois. La 201 Air Base dispose d’un Centre de surveillance du Sahel et est équipée d’une importante flotte de drones. Avec l’arrivée au pouvoir du Général Tchiani, ces partenariats ont été remis en question, entraînant le départ des forces françaises ainsi que le maintien sous conditions de certaines autres forces étrangères Dans la même veine, la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) qui œuvrait pour la stabilité sociale et humanitaire au Mali, a dû mettre fin à sa mission le 31 décembre dernier et quitter le territoire. A quoi peut-on s’attendre pour la lutte contre le djihadisme au Sahel, avec l’avènement de 3 régimes militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger ?

Bien que les arguments mobilisés par les putschistes pour justifier de leurs coups de force relèvent de « la détérioration continue de la situation sécuritaire et de la mauvaise 1

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221030-niger-l-%C3%A9tat-major-de-l-arm%C3%A9e-se-f%C3%A9licite[1]des-succ%C3%A8s-rencontr%C3%A9s-avec-barkhane-%C3%A0-la-fronti%C3%A8re-malienne gouvernance économique et sociale », l’avènement des régimes militaires au Sahel n’a pas fin mis aux attaques djihadistes sur leur sol, loin s’en faut. La situation sécuritaire s’est largement détériorée au Sahel avec plus d’un million de personnes civiles déplacées au Burkina Faso. Récemment, les données chiffrées transmises par les rapports de l’ACLED2 montrent qu’il y a eu 14 fois plus de civils tués lors d’attaques djihadistes entre 2021 et 2023 au Mali, plus aucune zone du territoire n’étant épargné ; ce phénomène tendant également à se renforcer en marge du départ des forces françaises et de la MINUSMA. La ville de Tombouctou (nord) en est l’exemple le plus fragrant, avec un blocus imposé par les terroristes depuis août 2023 pesant strictement sur les populations civiles. Cette situation a poussé l’ONG Human Rights Watch (HRW) dans son rapport annuel de 2024 à alerter sur les risques d’aggravation de la crise humanitaire au Mali en raison de la prégnance de l’insécurité. Au Niger enfin, le pays connaît depuis plusieurs semaines une intensification des attaques terroristes ayant causé la mort de plusieurs centaines de civils et militaires (17 morts à Bony, 22 à Kandadji, 33 à Imbalagan, 129 à Takanamatt, 14 morts à Tinahamma et Tassiga le long de la frontière malienne, 15 morts à Téra/Taguey, plus de 200 morts à Tassilatane…). Avec la remise en question des partenariats sécuritaires effectifs pour la lutte antiterroriste au Sahel par les juntes malienne, burkinabè et nigérienne, le Tchad, qui brille par sa résilience face à l’expansion terroriste, devra composer avec les velléités souverainistes et isolationnistes de ses voisins, velléités qui n’ont jusqu’à présent apporté aucun résultat tangible dans le recul de la menace terroriste au Sahel. A l’inverse, au Niger par exemple, le rappel des éléments armés positionnés dans la région de Tillabéry (sud-ouest) pour la protection personnelle des putschistes a favorablement nourri le renforcement du JNIM dans la région, preuve en est de la récente attaque menée par le JNIM le 11 janvier dernier contre un poste de gendarmerie à seulement 13 km de la capitale de Niamey

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