La candidature de Ouattara, reflet d’une jeunesse africaine dirigée par des vieillards

En annonçant ce jeudi 6 août sa candidature à un troisième mandat lors de l’élection du mois d’octobre prochain après avoir dans un premier temps annoncé en mars dernier qu’il ne serait pas de la partie, le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara a mis en lumière une des tares du continent africain. En effet, bien qu’ayant une moyenne d’âge de 19 ans, la population africaine est dirigée par un conglomérat de “vieillards” dont la moyenne d’âge se situe autour de 63 ans.

« Je suis candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 ». Ces mots de l’actuel président ivoirien Alassane Dramane Ouattara ont raisonné dans l’esprit des Africains comme un nouveau coup de butoire dans un contexte qui obligeait pourtant l’ancien opposant au régime de Laurent Gbagbo à opter pour un renouveau et un changement radical de paradigme.

La déclaration quelques mois plus tôt de sa volonté de ne plus briguer et de laisser le flambeau à « la nouvelle génération » n’était donc qu’un leurre. Un revirement dont certains depuis le décès de son prétendu successeur Amadou Gon Coulibaky dont on entrevoyait les contours. Cette candidature, une énième dans les pays de l’Afrique francophone symbole d’un continent en manque de repères et  révèlatrice de ce qui constitue une incongruité.

En effet, alors que la moyenne d’âge de la population africaine est de 19 ans, celle des leaders politiques africains par contre est quasiment quatre fois plus élevée, s’établissant à 63 ans selon les chiffres de l’Organisation des nations unies (Onu). A cet état de fait, s’ajoute une longévité record pour certains dirigeants de certains pays, qui freinent incommensurablement le développement d’un continent aux ressources et au potentiel immense.

Deux fois plus jeune que les Etats-Unis dont la moyenne d’âge est de 38 ans, largement moins âgée qu’un continent vieillissant comme l’Europe dont la France, qui est par exemple et ironiquement dirigée par un “jeune”, l’Afrique, malgré sa jeunesse, subit donc les affres d’une génération de dirigeants, enfermée dans des visions très, voire trop loin de la réalité actuelle. Loin d’être un seul fait ivoirien, cette annonce de Ouattara révèle donc un mal plus profond.

Soulignant dans un discours en février 2018 que « l’Afrique n’a pas besoin de leaders qui ont 75 ou 65 ans », Graça Machel, la veuve de Nelson Mandela, indiquait à juste titre, que l’Afrique « a besoin de leaders qui sont jeunes, vifs, innovants et à qui la jeunesse de ce continent peut se référer ». Or, dans l’état actuel des choses, cette jeunesse africaine est loin d’être valorisée, quand bien même elle constitue la majorité de la population du continent.

Par Ladji Nze Diakité (Gabon Mèdia Time)

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