Editorial : Le Tchad entre campagnes électorale et guerrière

A bien lire les évènements au quotidien au Tchad, bien malin est celui qui pourra dire ce qui se trame sous nos cieux. Bien curieux, l’homme le plus prolixe de l’équipage transitoire s’est calfeutré dans un silence outrancier et coupable qui n’augure pas de bonnes choses. Des campagnes intensives entreprises pour le retour de Succès Masra auraient certainement dû rabattre le caquet de notre champion de la délation. Ou est-ce l’affaire Hélène Doumro qui continue à secouer notre peulh. Il va de soi, et il a de bonnes raisons parce que, de toutes façons,  le retour de l’exilé doré ne lui rendra pas la tâche facile. Pendant ce temps, son acolyte, Mahamat Ahmat Al Habo est sérieusement mis en difficulté par les magistrats qui entendent lui faire entendre raison. Il a lui-même un dossier pendant en justice que des greffiers se délecteront d’exhumer. Encore que si les fils Ibni ne lui fassent pas des tours.

La nature ayant horreur du vide, le champ est grandement laissé à un autre bourreau du peuple Tchadien. Une autre campagne et non des moindres, celle de Limane Mahamat qui, convaincu de mieux penser et de savoir mieux faire aussi, plus que les onze millions de Tchadiens, déroule son programme de pogrom.  Par un tour de force des activistes pro Mps, le Cadre National de Concertation des Partis Politiques s’étant débarrassé de l’encombrant Mbaimong Brice, la Commission Nationale chargée de l’Organisation du Référendum Constitutionnel (CONAREC), sous la férule du puissant Ministre de l’administration du territoire et de la gouvernance a dévoilé un chronogramme qui vient de connaitre son début d’exécution. La première opération, une révision des listes électorales. Prévue pour ces mois pluvieux dans la zone méridionale, elle ressemble bien plus à un calcul savamment calé entre les travaux champêtres, vacances scolaires et inaccessibilité des régions pour impraticabilité des routes ou des pistes. Un autre handicap a fait voir que les agents recrutés depuis N’Djamena refusent de s’engager dans les broussailles. Des résultats biaisés seront consignés dans les banques de données, pour des scrutins irréalistes. On a beau crier mais toutes les récriminations n’y font rien.

C’est à ce point que plus sérieusement, de nouvelles campagnes guerrières sont en vue. Abdelkerim Baba Ladé vient de donner le ton. Au cas où les ardeurs des gouvernants ne se tasseraient pas, il est prêt à activer la brousse. Le renard des savanes ne se fera pas  surprendre après son passage aux renseignements généraux. Cet ancien gendarme risque d’inquiéter dans sa zone. Mais déjà, au Nord, Mahamat Kaka est allé remobiliser ses troupes. En voulant rendre la politesse au CCSMR, ses hommes auraient laissé des plumes. En même temps, le FACT qui soupçonne des velléités d’attaques de ses bases, sur le territoire libyen, annonce avoir rompu le cessez-le feu.  Les forces françaises massivement redéployées sur le territoire national lui auraient-elles conseillé d’anticiper les opérations. C’est une stratégie militaire que les chefs des opérations militaires ne peuvent ignorer.  C’est possible aussi parce qu’en ce moment, ces hommes de l’hexagone dont l’armée tchadienne est désormais le supplétive, ont quadrillé tout le pays : le sud pour sécuriser la région, mais en appui aux forces de défenses et de sécurité qui écument les pauvres paysans qui ne peuvent plus travailler leurs champs. A l’est,  pour sécuriser les réfugiés. Un brave soldat qui leur a demandé des comptes en a fait les frais. Au nord, pour on ne sait plus quoi, conformément à la promesse de Macron qui n’acceptera pas la déstabilisation de la transition tchadienne.

Par Allafi Amadou NGANANSOU

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