Dr Succès Masra : « Il est temps qu’ensemble nous réalisons le projet inclusif de transformation collective de notre pays »

Comment pensez-vous transformer le Tchad ?

En comptant d’abord et avant tout sur la force et l’intelligence des Tchadiens de tous les bords. En comptant sur leur « illim », leur « kaa-doh », leur « yanguer »….En questionnant ce qui doit normalement faire notre vivre ensemble : l’école, la justice sociale, l’égalité, le mérite, le travail, la solidarité et l’ouverture aux autres. Mais en apportant surtout des réponses concrètes. Voyez-vous, notre société est secouée par une crise des fondements. Elle met en cause tous les secteurs de la vie. Les structures économiques, les systèmes éducatif et sanitaire, les institutions politiques tels que l’État lui-même, les partis politiques, les associations, la cellule fondamentale de la société qu’est la famille, les valeurs et les normes socioculturelles semblent s’effondrer. Crise au niveau de la gouvernance, et même au niveau de la morale et de l’éthique. Nous manquons de ce que nous appelons chez nous Les Transformateurs : ‘’Le Leadership Serviteur’’. La crise qui traverse tous ces domaines les met en cause et au défi de rendre compte de leur raison d’être aujourd’hui. Il faut réussir à transformer tout cela en recréant l’espérance !

Mais cher M. le journaliste, l’histoire nous fait constater que c’est en période de crise que les peuples donnent et expriment le meilleur d’eux-mêmes afin de contrer la disparition, la mort et le néant qui les menacent. Notre peuple est prêt, il est debout et veut avancer avec espérance. Il est debout et désormais à l’ouvrage. Et pour relever ce défi, le sien, dont l’enjeu est la vie et la nécessité d’ouvrir de nouveaux horizons, Les Transformateurs participent à la quête et à la création du sens pour fonder de nouveaux espaces institutionnels de vie tchadienne. C’est à cela que nous travaillons jour et nuit. Nous croyons dans la force du nombre et, surtout, dans la force du peuple pour y arriver. Donc la vraie question ce n’est pas ‘’comment transformer’’, mais ‘’quand transformer’’. J’ai bien peur de vous avouer que nous avons déjà commencé, avec les Tchadiens de tout bord et nous y arriverons.

La jeunesse Tchadienne est découragée du comportement des hommes politiques. Quelle est la particularité de votre mouvement pour redonner confiance aux jeunes ?

Question pertinente ! Mais il n’y a pas de formule magique. Si on veut que les jeunes s’intéressent à la Politique, il faut que la Politique s’intéresse à eux sans cynisme et sans mépris. Or, les ‘’politiciens’’ nous parlent généralement de ce qu’ils ne pourront pas/jamais faire par manque de ceci ou cela plutôt que de parler de projets concrets et d’avenir.

La meilleure façon de parler politique aux jeunes, c’est d’aller sur le terrain et leur parler et les associer. Nous sommes jeunes et nous nous sentons, à notre tour, contrairement à ce que dit la Constitution de la 4e République, capables de nous lancer en Politique, capables de booster les choses, capables d’occuper des postes de responsabilités au niveau de notre État, capables de transformer la vie de nos compatriotes. Nous croyons au dialogue intergénérationnel, car une société c’est un tout, jeunes et vieux. Mais toutes ces générations qui nous ont précédés et qui veulent nous exclure, nous leur disons que jamais nous n’accepterons cela.

Chômage, violence, pouvoir d’achat, etc., tous les voyants sont passés au rouge depuis un certain moment et les jeunes bouillonnent dans une mobilisation parce qu’ils ont compris qu’on ne s’intéresse à eux que pour le folkore et au moment des élections.

Et puis, M. le journaliste, je ne suis pas sûr que la jeunesse Tchadienne soit découragée du comportement des ‘’Hommes politiques’’, elle est plutôt découragée du comportement des ‘’politiciens de profession’’. C’est différent !

Quels sont vos réalisations et vos projets immédiats pour les jeunes ?

C’est une question personnelle, j’imagine ! Je ne promets pas la lune, ce que je promets à la jeunesse Tchadienne et à la société tchadienne dans sa globalité c’est que là où la tentation est allée jusqu’à son comble et entérinée dans la Constitution, de vouloir l’exclure des instances de décision stratégique, il est temps qu’ensemble nous réalisons le projet inclusif de transformation collective de notre pays. Que les jeunes commencent à se sentir copropriétaires de leur pays, et en coproduisant les idées, en co-agissant dans tous nos milieux, nous allons ensemble, avec détermination, changer le cours des choses.

Ce pays a besoin d’une troisième voix, celle des patriotes venant de tous les bords et qui s’engagent avec une seule volonté, faire de notre pays une terre d’opportunités pour tous. A ces jeunes qui nous suivent, je leur demande de bannir la résignation de notre vocabulaire et battons-nous ensemble pour faire valoir les idées d’émancipation, de progrès et de justice sociale pour tous. Je sais évidemment qu’à l’aune de toutes les affaires de mise en cause, ici et ailleurs, la tentation de mettre tous ceux qui s’engagent dans le même sac est forte. Mais il y a encore beaucoup de femmes et d’hommes que nous rencontrons sur le terrain et qui sont engagés tous les jours et qui n’ont rien à se reprocher parce qu’ils se donnent, donnent de leur temps et de leur énergie au service des autres. Ils sont des dizaines de milliers à nous avoir rejoints depuis notre appel. Ma question à tous les jeunes et aussi aux plus âgés de notre pays qui hésitent est la suivante : quand vous regardez la situation de notre pays, pouvez-vous en être fiers ? Que faites-vous pour changer cela, c’est la seule question qui vaille et si vous voulez une dynamique qui vous fera devenir des acteurs pleins de cette indispensable transformation, alors les Transformateurs vous accueillent avec cette promesse. Et si ce n’est pas maintenant qu’on s’engage, c’est quand donc ?

Propos recueillis par Allafi Fattaall @

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