Malaise entre l’Undr et les « bananas » ?

Au détour d’une route. Un jeunot au volant de son véhicule V-8, harangue deux hommes qui lui obstruaient, semble-t-il, le passage. Quoi que roulant sur la gauche, il pensait être dans son devoir d’exiger  de ces gueux de lui céder la chaussée, même si des nids de poule la jonchent. Les deux compagnons, quelque peu éméchés sans doute, lui lancèrent « sale garnement de banana émancipé, oui ! ». Il n’en fallut pas plus pour que l’homme pose pied à terre.

 Cet affront mérite d’être réglé à coups de poings.  Empêché par quelques passants, il a tenu tout de même à faire comprendre aux deux compères que lui, est un « moundang » et pas une ordure de banana comme ils le pensent. Mal lui en a donc pris. Justement, un des piétons est un massa de la pure espèce. Et la bile est montée : en temps de galère, tous les Mayo-Kebbilais  et les Tandjilois sont des « bananas », ce vocable innocent qui ne signifiait pas autre chose que « mon ami », mais que l’usage péjoratif a habillé d’un teint discriminant pour le besoin de la cause politique. Le brave parvenu s’est vu vertement reproché les tares congénitales de sa lignée de montagnards quand tout le pays était soumis aux pires affres des contingences guerrières, de 1979 à nos jours, avant d’être prié de bien se mirer lorsqu’il doit s’adresser aux « hommes » qui se sont battus pour que lui, en l’espèce, ne viennent se tailler un place indue, grâce aux relations tortueuses. Les tympans ont vibré au prononcé de certains jugements. Après toutes ces diatribes,  nous avons compris ce jour-là, au moins quatre choses : la genèse de la création de l’Undr, la duplicité des moundang, la filouterie de Salek Kebzabo et la perspective de l’après IDI.  

En remontant la genèse de l’Undr, nous trouvons qu’à la base de la formation était feu Ramadan Oueiddo, originaire de la Kabbia,  qui a su rallier à sa cause, d’abord ses collègues, les  vétérinaires, au point de donner à cette formation, dès le départ, l’allure d’un forum des « combagar »  qui se seraient découvert une nouvelle vocation aux côtés des « éleveurs politiciens ». Mais cette appréciation n’a été que fumeuse d’autant plus que le parti a compté dans ses rangs, non seulement les parents et amis, mais également des tchadiens dignes de ce nom, amoureux de leur pays et envieux de bâtir une nation tchadienne pour un Etat moderne du Tchad. Evidemment dans cette texture, le mot « banana », qui  était déjà instrumentalisé pour lui faire prendre une connotation politique nocive, a permis cette fois de rallier sans trop de discernement, tout ce qui jurait au nom du « djigari » des deux Mayo-Kébbi, de la Tandjilé et même des Logones et Moyen-Chari. On se souviendra encore longtemps de feu Simon Béassengar qui a donné la meilleur image au rond-point de la mairie avec ses lions avant que la dame ne les remplacent avec des dauphins que le commun des tchadiens ne connait pas. Au cri de « nous sommes tous des bananas », un nouveau groupe compact s’est créé.

Saleh Kebzabo

Dans la transparence donc, il a cédé le pas à Saleh Kebazabo qui a décidé d’entrer en politique, après avoir abandonné le journal « N’Djamena Bi-Hebdo » à Oulatar. Dès ce moment, la carrure de l’homme, taillé aux épreuves depuis le temps de Tombalbaye à quoi il faut ajouter l’aura nationale que lui a procurée son statut de journaliste reconnu depuis son passage à « Jeune Afrique », a fondé son intégrité morale et son intrépidité. Dès cet instant, tous les moundangs y affluèrent massivement, la transformant presque en parti des clans, partagés entre les deux Mayo-Kebbi. Gali Gata Ngoté ne croyait pas l’avoir si bien dit des Zaghawa que le principe finirait par s’appliquer à nous ! En somme, ce n’est pas pas parce qu’un tel gouverne que tous les siens deviennent des gouvernants.  Ainsi, expurger les autres ne sied pas, alors, que le temps fasse de l’usure, à quoi surent bien résister les massas. Il est vrai, du temps de la Démocratie consensuelle et participative (DCP) encore, par devoir de mémoire peut-être, quelques poste glanés çà et là sont venus récompenser le militantisme de certains de nos parents massas. Mais depuis lors que, IDI s’est mis en tête de récupérer pour son compte, le Mayo-Kebbi, l’occasion a été assez belle pour créer des frictions. La fidélité massa étant légendaire, rien n’y fit malgré les Routouang et les Loum pour arracher la partie est. La partie ouest demeurant toute aussi fidèle à l’homme à la calebasse. Première solution de choc, scinder la région en deux entités distinctes pour mieux manipuler le bâton et la carotte. Depuis cette date, tous les cadres de cette nouvelle circonscription administrative qui pouvaient faire de l’ombrage à  S. Kebzabo ont été passés en revue : le fougueux avocat du fils présidentiel s’est avéré moins perspicace. L’ancienne princesse Habiiba Sahoulba s’est cassé les dents. Autour des deux Pahimi de jour leur va-tout. Le premier ; le Padacké Albert, a tenté de récupérer l’électorat des pays moundangs par le jeu de promotion aux postes d’emplois éphémères. Les ristournes des produits de la cimenterie de Baoré lui étant versés directement et pas au compte de la région, son relent identitaire l’a obligé à ne confiner ses efforts qu’à sa sphère de Torrock. Le second, le Kalzeubet, transfuge de RDP, se saisit de la leçon et, à tour de bras distribue les emplois à qui des moudangs qui le voudra.

Ce qui rebute dans cette équipée est le silence complice que semble observer Saleh Kebzabo. Il n’a pas pu faire grand-chose pour les siens ; c’est vrai. Mais quant à cautionner qu’exclusivement, des jeunes gens de chez lui, « bananas » en temps de galère, mais qui refusent aujourd’hui l’attribut par ces temps où une part belle leur est faite au détriment des autres « bananas », heurte notre sensibilité. Nous avons nettement le sentiment que quelque chose cloche. Ce n’est pas la valse des Pahimi à la primature et au secrétariat de la présidence de la république qui leur a ouvert grandement la porte et qui doit leur monter la tête. Un dicton arabe ne dit-il pas que lorsque la vie vous étale une grande natte, méfiez-vous e vous y installer en plein milieu du Mayo Kebbi Est semblent avoir de la suite dans les idées, pour ce qui concerne leur adhésion au Part à la calebasse. Ces dernières années, en effet, le peu de cas et le peu de place qui leur est fait sur l’échiquier national anime les débats dans les différentes rencontres. Et de bonne guerre, il n’est pas rare que les uns autres exposent sur la place publique leurs réminiscences.

NGANANSOU HINABE

Laissez un commentaire via Facebook

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.